lundi 24 novembre 2014

Raconte-moi... le jour où le monde s'est inversé

Ce matin, alors que je cauchemarde bien tranquillement sur mon lit taillé dans un rondin, une petite sphère lumineuse à la voix aigrelette vient me réveiller. Elle veut que j’aille à la rencontre de l’arbre qui veille sur mes camarades et moi-même. Bien aimable, je finis par ouvrir les deux yeux avant de m’asseoir sur ma couche pour l’écouter attentivement. Son discours terminé, je saute à bas de mon sommier (une chute vertigineuse de deux centimètres) pour sortir à l’air libre. A peine le nez dehors, ma meilleure amie vient me saluer et me féliciter d’avoir – enfin – une fée (depuis le temps, j’étais le dernier de la communauté à ne pas en avoir : la honte stratosphérique… au moins).
 

Sachant que je vais avoir besoin de thunes, je farfouille dans les hautes herbes, je ratiboise les plantations des voisins, casse leurs poteries  jusqu’à obtenir une coquette somme de quarante rubis. Je me dirige ensuite vers le chef du village qui me barre le passage vers le vénérable grand arbre. Soi-disant que je n’ai pas la tenue adéquate pour aller le rencontrer (et peu importe si c’est lui qui m’a demandé de venir le voir). Il me faut donc aller à la boutique locale pour récupérer un bouclier en bois digne de ce nom. Connaissant le coin comme ma poche, je m’invite dans la place… pour découvrir que je suis rentré dans la maison d’un pote. Demi-tour droite, je repars en sens inverse pour me rendre compte que je suis de nouveau sur la mauvaise pente. Je me pose, observe les alentours et retrouve la fameuse baraque au toit rouge dans laquelle se trouve mon Graal. J’achète donc mon bouclier, récupère mon canif et va faire mon fier devant le patron qui va bouder dans son coin. Papotage avec le grand arbre qui m’annonce qu’il va calancher sous peu mais que ce serait bien que je vienne nettoyer la vermine de son tronc d’arbre. C’est donc armé jusqu’aux dents que je m’en vais botter les fesses des araignées qui grouillent sous l’écorce.
 

Passons sous silence le fait que je me sois fait mettre K.O. par une petite plante carnivore (elle avait le crâne plus dur que le mien) et que je me sois fait aplatir par un scarabée borgne géant pour enchaîner avec la suite. L’intérieur de son tronc passé au lance-flamme, le vieil arbre me raconte une dernière histoire avant de s’effriter sous mes yeux. Tout juste le temps de me coller la destinée du pays sur les épaules afin que je puisse continuer à dormir tranquille. En repartant, on me lance des noix parce que j’ai dézingué le plus grand platane des environs ce qui m’oblige à fuir lâchement la forêt. Ma meilleure amie me laisse cependant un cadeau d’adieu : un ocarina dans lequel elle a sûrement craché un nombre incalculable de fois (mais c’est une super copine). Et me voilà, libre comme l’air, à l’assaut d’un monde « que je ne connais pas », pour aller dans un château « inconnu », rencontrer une princesse « que je n’ai jamais vue » (tout ça entre guillemets parce que j’ai déjà fait tout ça lors de mes cinq vies antérieures). Mais avant, je dois papoter avec un vieux hibou qui parvient à se briser la nuque sans mourir.
 

Requinqué à bloc, je galope sur mes petites gambettes en direction du château. Bien sûr, comme j’arrive de nuit, on me claque le pont-levis au nez. Il ne me reste plus qu’à pourfendre des squelettes de romains au crâne hippopotamesque en attendant le lever du soleil. Le pont-levis redescend, je m’élance joyeusement en direction de la place du marché. Et là, c’est le drame ! Figé sur place, je réalise enfin ce que mon cerveau tentait manifestement de me cacher. Le monde a changé. Mon monde a basculé. La porte de la salle des gardes habituellement à droite est maintenant à gauche. Le frisson s’amplifie lorsque je mets un pied sur la place du village. Tout est absolument sans dessus-dessous. La grosse dame qui perd régulièrement son chien est passée sur ma gauche, le temple du temps également, tout comme la boutique des masques. Et les choses se compliquent dès lors que je poursuis mon chemin vers le château. Mes repères sont si perturbés que je ne remarque plus la plante grimpante qui me permettait d’atteindre le haut du parapet pour m’infiltrer sur le territoire des gardes les plus miros de tout le royaume.

 
L’axe gauche-droite est donc totalement inversé, me faisant revoir entièrement la géographie de ce pays que je connaissais comme ma poche. En sortant du château, je ne retrouve plus le petit pont qui mène au village de la nourrice de la princesse. Je mets une éternité à voir le ranch de cette jeune fermière rousse, qui est simplement excentré sur ma gauche (encore). Je ne sais plus quel chemin prendre lorsque je m’échappe du trou où se trouve la vache du volcan local. Le chemin d’accès au cimetière du père Igor est une redécouverte totale (était-il donc si près du mur ?). Pire, je me perds dans les Bois Perdus, alors que la bonne route était gravée dans ma mémoire. Mon cerveau fait du hula-hop en permanence pour m’aider à me repérer dans ce nouvel espace.

 
Pourquoi ? Mais pourquoi les Déesses se sont-elles amusées à me faire subir ça ? Surtout que je serai bien capable de m’y habituer pour finalement trouver que le monde qui est à l’endroit est à l’envers. Inadmissible. Rendez-moi le cratère du dragon à gauche, l’enclos des cocottes à droite et la ferme en face du pont-levis ! S’il vous plaît.


Et non, je n’ai pas fumé des champignons, j’ai simplement découvert Zelda : Ocarina of Time Master Quest sur 3DS.

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