dimanche 21 juin 2015

Raconte-moi... l'Exposition Harry Potter


En ce moment et jusqu’au mois de septembre de cette année, se tient l’Exposition Harry Potter à la Cité du Cinéma à Saint-Denis (métro Pleyel – ligne 13, suivez les panneaux ensuite).  


 
Cette exposition est en fait un fragment de ce que l’on peut trouver au Parc Harry Potter de Leavesdale dans la banlieue londonienne. A la base, avec une amie, nous avions pour ambition de franchir la Manche pour aller faire un saut au milieu des décors de la mythique saga. Puis, découvrant que l’exposition arrivait jusque chez nous après avoir visité nos voisins européens, l’escapade en terre britannique a été repoussée pour un déplacement bien moins coûteux (et bien moins long à préparer).
 

L’entrée coûte 22 €. Tout de même. Il vous faudra débourser 5 € de plus si vous voulez un audio-guide (vous verrez pourquoi la précision est importante). Il est également important de noter que l’heure que vous choisissez sur le site de réservation en ligne (parce qu’il est préférable de réserver en ligne) correspond à l’heure à laquelle vous êtes tenus de venir. En effet, l’espace occupé n’est pas très grand et le nombre de personnes qui y entre est donc limité. Il est conseillé d’arriver en avance (30 minutes est préconisé sur le site mais il est possible d’arriver plus tard puisque ça ne vous dispensera pas de faire la queue (et encore plus si vous avez envie d’aller au petit coin avant)).
 


 
Qu’en est-il de l’exposition en elle-même ?
 

Eh bien, comme son nom l’indique, il s’agit d’une exposition. Dans sa définition la plus pure. Concrètement, si vous comptiez y aller pour découvrir des anecdotes de tournage, vous penchez sur des story-boards ou admirer des planches de recherches graphiques sur telle ou telle créature, passez votre chemin. Il n’y a là-bas qu’une sélection de costumes, quelques objets (essentiellement des baguettes) et des fragments de décors. Et cette ensemble ne concerne, dans sa grande majorité, que Poudlard lui-même et ses environs proches (à savoir : la Forêt Interdite). Si vous vouliez voir la Cabane Hurlante, le Ministère ou le Terrier, vous serez déçus.

 
 
A moins de ne pas avoir lu les livres et d’avoir survolé les films – mais à ce compte-là, pourquoi débourser 22 € ? –, les panonceaux qui jouxtent les éléments présentés ne vous seront d’aucun intérêt. Ayant lu et vu tous les livres/films, j’ai dû lire quatre lignes en 1h20 de balade. De plus, si vous êtes fan, il est possible que vos poils se hérissent le long de votre échine, certaines erreurs ayant trouvé le moyen de se glisser dans les textes (apparemment, les organisateurs ne font pas la différence entre la baguette de Bellatrix et celle de Narcissa… qui n’ont absolument rien en commun). 

 
 
Rajoutez à cela un éclairage plus que moyen qui ne sied pas vraiment au fait qu’il est interdit de prendre des photos avec flash. Pour le péquin lambda qui n’a qu’une utilisation sommaire de son appareil photo (compact ou portable) – par là, j’entends : qui ne sait pas modifier l’exposition ni pousser les asa –, il est frustrant de ne pouvoir gratter quelques clichés souvenirs de l’événement. De manière générale, l’endroit est plongé dans une douce pénombre chassée par les spots disposés au-dessus des costumes. Déjà là, si vous voulez obtenir des photos pas trop pourries, il vous faudra monter les asa à 800 (ce que tous les appareils compacts ne peuvent pas faire (pour rappel, en plein jour, c’est 200 asa)).
Mais, sur certains lieux, il n’y a tout simplement plus rien : la vitrine consacrée à Gilderoy Lockhart ne reçoit qu’une lumière indirecte, les Mangemorts et les créatures de la Forêt Interdite ne bénéficient que d’une vague lumière bleuâtre (si vous voulez prendre une photo, il vous faudra arrêter de respirer et de bouger pendant une minute complète… et sans pied, s’il vous plaît). Le comble étant le Détraqueur qui n’est tout simplement pas éclairé (pour une créature entièrement noire, vous admettrez que ce n’est pas l’idéal). Et moi qui voulait prendre la tenue de McGonagall, je n’ai finalement obtenu qu’un demi-costume (l’autre moitié étant dévorée par l’obscurité). Au final, l’éclairage est tellement mal géré qu’il est quasiment impossible de zoomer pour prendre des détails des objets présentés (alors que c’est ce qu’il y a de plus intéressant sur les costumes).

 
 

Et on termine avec la boutique souvenir (minuscule en comparaison de celle de Star Wars Identities) et qui ne contient que 15 produits répétés ad nauseam. Et pour des prix affolants qui vous donnent automatiquement envie de les reposer sur l’étagère. Pour vous donner quelques idées :

-         la boîte de dragées surprises de Bertie Crochue (qui est une bête boîte en carton type boîte de chewing-gum) est à 5 € ;

-         1 Chocogrenouille avec une image à collectionner dedans, 5 € ;

-         un stylo en forme de baguette compressée (et moche), 18 € ;

-         une baguette en plastique, 43 € ;

-         la Carte du Maraudeur, 38 € (c’est un bout de papier à la base, avec deux-trois collages alambiqués mais rien d’extraordinaire).

Pour votre information, je me suis procurée, il y a quelques temps de cela, un livre sur la création des films qui contient, en plus d’exemples de décrets d’Ombrage, de l’avis de recherche de Sirius et des billets de la Coupe du Monde de Quidditch, un exemplaire de la Carte du Maraudeur. C’est un bouquin extrêmement complet, avec beaucoup de croquis, de recherches graphiques et de témoignages des membres de l’équipe technique. Il m’a coûté quarante euros (pour 160 pages). Autrement dit, payer plus de 30 € un objet purement décoratif, c’est de l’arnaque. Donc, non seulement, la boutique est mal disposée parce qu’elle est ridiculement petite et qu’on se marche dessus à qui mieux-mieux, mais en plus, on doit vendre un rein pour repartir avec un bête souvenir plus ou moins beau. Moi qui cherchais une belle édition de la collection des livres en anglais, je suis repartie bredouille.
 

En bref, vous l’aurez compris, je suis déçue. Et mon amie qui était là aussi a ressenti le même sentiment, en plus de celui d’avoir perdu 20 € (prix réduit d’entrée via son CE). Certes, c’est intéressant de voir les costumes en vrai (enfin, plus ou moins puisque ceux du trio du 7ème film nous ont paru étrangement petits) et de découvrir certains objets (le clown du 3ème film est gigantesque en fait), mais il y a largement moyen de faire mieux.
 

 

Pourtant, l’expo commence plutôt bien. On peut se faire prendre en photo avec une baguette – prêtée pour l’occasion – devant un fond vert (je n’ose cependant imaginer le prix de la photo). Quelques volontaires peuvent ensuite passer sous le Choixpeau magique afin d’être réparti dans les maisons avant que le groupe ne soit accueilli sur le quai de Pré-au-Lard dans la fumée du Poudlard Express (oui, la logique voudrait que ce soit dans l’autre sens). La mise en scène est sympathique et nous met l’eau à la bouche, mais le rêve s’arrête là puisqu’on entre après coup de plein pied dans l’exposition où chacun vogue à sa façon.
 

L’événement aurait gagné à plus d’interactivité. Si on compare avec Star Wars Identities (SWI), rien n’empêchait de reprendre le même système de bracelet de communication à poser sur des bornes tout au long du parcours. Pour être plus claire, dans SWI, en plus de voir les costumes, les maquettes, les croquis et de lire des anecdotes en tout genre, il y avait aussi la possibilité de se construire un personnage de l’univers. Au fur et à mesure du cheminement entre les pièces, on choisissait notre nom, de quelle race on était, de quelle planète on venait, ce qui nous était arrivé d’important au cours de notre vie, etc. Et tout cela à l’aide d’un simple système de bracelets et de bornes interactives. Il était largement possible de faire de même dans le monde du sorcier balafré : on choisit sa maison, sa matière préférée, on fait gagner des points à sa maison en répondant à des questions sur les films/livres, on décide ou non d’affronter les Forces des Ténèbres, etc. Rien que ça, déjà, ça aurait rallongé le temps de visite. En effet, j’étais restée au moins 3 heures dans SWI contre à peine 1h20 pour l’expo HP.
 
Ensuite, techniquement parlant, au-delà d’un meilleur réglage de l’éclairage, certains objets auraient mérité une petite animation : l’armoire de l’Epouvantard aurait pu trembler sur ses pieds, avec la poignée de la porte qui bouge. L’Acromentule de la Forêt Interdite aurait pu bouger ses pattes ou cligner des yeux. Le Magyar à pointes aurait pu avoir de la fumée qui s’échappe de ses naseaux et la mâchoire qui s’ouvre et se referme. Pas la peine de faire un truc particulièrement chiadé, mais rien que ces trois exemples là, ça aurait apporté un autre gros plus à l’exposition.  


 
Et enfin, le plus important – et ce qui m’a le plus manqué -, les anecdotes. Les secrets de fabrication du film. Les petites phrases ou les petits gribouillis qui font sourire le visiteur et qui lui font penser qu’il repart avec des connaissances ultimes que personne d’autre que lui n’a. Alors, peut-être que tout était dans l’audio-guide, mais à ce moment-là, il ne fallait pas le faire payer. A 22 € le billet, on est en droit de profiter de l’exposition en entier, pas seulement d’une partie tronquée. Dans SWI, l’audio-guide était intégré dans le prix (22 € également) afin de profiter des vidéos et des commentaires attitrés aux vitrines. 
 
Concrètement, j’ai eu plus de satisfaction à feuilleter les deux bouquins que j’ai à la maison sur l’univers de J.K. Rowling, qu’à me promener dans l’exposition. Ce qui est un comble étant donné que, dans les livres, il n’y a finalement que des photos et non pas les objets réels.
 

En conclusion, l’exposition devrait ravir les plus jeunes, qui sauront se contenter des costumes et des quelques bricoles qui traînent à droite et à gauche. Pour les autres, l’addition risque d’avoir du mal à passer.